Image : Yann Minh / Sculpture interactive : Benjamin Stiers |
Ma première maturité acquise, fin 2004, je me suis faite absorbée par le cyberespace, dans lequel je me passionne immédiatement pour les nombreuses formes de communications, de pensées et de vie qui s'y trouvent.
En premier lieu j'y ai investi des espaces communautaires (comme club-internet à l'époque), et divers sites de rencontre et outils de communications (tel que msn, meetic, corps-exquis...), afin d'expérimenter les possibilités relationnelles offertes par les canaux synthétique du web. Et très vite, j'ai fait du cybersexe mon principal champ d'expérimentation.
En quelques mois, j'accumulais les contacts, avec lesquels je jouais les identités multiples et éprouvais différentes possibilités érotiques de la technologie, étudiant ainsi les rapports naissant au fil de la liberté des échanges permis par la télé-présence, par le filtre textuel des messageries instantanées, par la ponctuation expressive des émoticônes et par l'espace-temps particulier des relations connectées.
Également, poussée par le désir de mieux cerner ces relations à distance, entre 2005 et 2007, j'ai rencontré « physiquement » une bonne partie de mes contacts, à la fois pour confronter les échanges numériques dans l’espace charnel de la vie courante, mais aussi pour observer les points de passages et les barrières infranchissables entre ces deux modes relationnels.
A partir de 2007, j’intégrais ensuite le métavers Second Life, dans lequel j'ai poursuivi mes recherches sur le cybersexe, mais cette fois filtrées par les mécanismes et l’environnement de l’univers 3D.
De nouvelles alternatives suscitées par l’incarnation synthétique s’offraient à moi. J'y expérimentais les mises en scènes réelles et diverses « parades amoureuses » fréquentes aux liaisons entre les avatars, notamment aux moyens d’objets et de scripts conçus pour simuler et animer les avatars dans différents jeux sexuels. Mais aussi, j'y ai découvert la mise à distance fascinante de l’échange au sein de la représentation, où le fantasme lié à l’échange prend corps par delà l’imaginaire.
Depuis 2009, suite à la rencontre avec Yann Minh j'élargis mon champ d’étude, avec d’une part la télédildonique (téléopération à distance d'outils de stimulation physique, comme vibromasseur, ou appareil de décharge électrique par exemple), et d’autre part l’exploration de la pratique du bdsm.
Par ces deux usages, je réintègre le corps par le biais des outils, comme vecteur d’échange sensuel et charnel, ce qui me permet ainsi d’enrichir la relation technologique à l’autre, également sous l’angle de la manipulation physique.
Enfin, en 2011, à l’initiative du NooNaute Yann Minh et avec Misha Hess, Pierre Clisson et Philippe d'Albret, au sein du groupe Cyberesthésie, nous réalisons des interventions sous un format hybridant conférence, performance et spectacle autour des relations entre la cyberculture, les univers persistants et la télédildonique.